Éclipse

Katja Hunsinger

Un chanteur fragile, une brune volubile, une rasade de Limoncello, un mort-né beau gosse, une note d’adieu sans cœur, un verre de Campari soda, l’hiver 1967 mais aussi l’été 1988, Portofino, un terrain vague, des voix chaudes, deux doigts d’Amaretto (voire trois), Ciao amore et aussi Dalida et sa chevelure Mercure.

C’est un soir d’été, sur un terrain vague quelque part, en Italie peut-être, ou bien à Vierzon, qui sait. Une jeune femme évoque un frère mort-né avant sa propre naissance, elle se dit perdue et à la recherche de ce membre manquant. C’est peut-être une soirée un peu enchantée, car un homme apparaît, en chair et en os, pas fantomatique du tout : le chanteur italien Luigi Tenco, suicidé en 1967. Il propose un marché à l’héroïne : il incarnera son frère, si elle accepte de jouer, le temps d’un spectacle, toutes les femmes de sa vie qu’il a abandonné une nuit de janvier sans égards et sans élégance en se tirant une balle dans la tempe. La jeune femme accepte… Elle sera alors Dalida, grand amour de Tenco, Stefania Sandrelli, délicieuse actrice à l’image sulfureuse, et aussi, et ça, Tenco ne l’avait pas vu venir, sa mère, mamma italienne qui fait des pâtes comme personne…
Mais, accouru tout droit des limbes où il est devenu bon musicien et joli garçon, le vrai frère se pointe et exige de participer au jeu. Et pourquoi pas après tout...
Spectacle théâtral et musical, Éclipse est un dialogue très libre et plein d’humour qui mène une réflexion sensible sur l’absence et le manque, tout en portant un regard sans concession sur la condition de l’artiste.