Nous voulons êtres des amies tardives de Schubert qui le suivrions dans son voyage intérieur, son chemin solitaire semé d’embûches et de doutes. Schubert fixe sans cesse devant lui cette lueur vacillante d’espoir qui guide ses pas. On trouve cette lueur dans toute sa musique, endroit de chaleur, comme une bougie qui menace de s’éteindre à chaque instant. C’est bien son cœur qui reste au chaud malgré le froid qui s’empare de lui. Parmi les 600 lieder, toutes ces petites formes qu’il avait en tête, nous voulons offrir une ou deux chansons en partage, c’est un bout de chemin du Wanderer. Sur poème griffonné et piano peu bavard, parfois immuable, une mélodie populaire que tout le monde fredonne et peut aisément retenir. Le Trio opus 100, immense autant qu’intime, composé en 1827, est dédié par Schubert « à ceux qui y prendront du plaisir ». Nous le vivons en tant qu’interprètes comme une épopée, avec ces thèmes lyriques successivement enlevés, volubiles, remplis d’espoir, et inquiets, tâtonnants, errants, toujours faisant écho à ce voyageur qui nous récite ses aventures et dont la quête nous touche au plus profond de nous-même . On retrouve dans le 2e mouvement le célèbre thème du film de Kubrick Barry Lyndon, dans une longue scène de regards entre deux jeunes gens tombés en amour sur fond d’une partie de jeu de cartes. Au fil de l’œuvre, les thèmes nous deviennent familiers, on les rejoue, on les repasse. Ils se nourrissent les uns des autres, ils se chargent de sens, se développent, cherchent une issue, se perdent un temps, renaissent, se font attendre ou sonnent le glas... et l’auditeur, après leur découverte, en reconnaît toutes les transformations, suit les méandres de cette âme vive qui cherche ses semblables.
Trio A.Storni
Trio A.Storni
Fondé en 2018, notre trio est constitué de trois musiciennes issues du CNSM de Paris, ayant chacune un parcours jalonné de projets originaux qui ont nourri leur amour du répertoire chambriste et enrichi leur vision de la scène. Le théâtre musical, la création contemporaine, le chant ou la danse leur ont permis d’explorer les formes diverses du spectacle vivant. Désireuses de dépasser leur expertise instrumentale, elles se réunissent au sein d’un groupe qui est à la fois leur point d’ancrage et leur point d’évasion, dans un format de concert renouvelé. La scène joue un rôle, elle devient ainsi le terrain actif d’une recherche commune et singulière, s’appuyant sur les différents lieux, les différents publics pour une entente collective et un partage du temps musical.
Myrtille Hetzel
Myrtille Hetzel est violoncelliste. Elle étudie le violoncelle et le piano dès l’âge de 5 ans, à Paris et au CRR d’Aubervilliers. Elle obtient son Master de violoncelle en 2011 au CNSM de Paris et intègre successivement la formation à la pédagogie et la classe d'improvisation, de laquelle elle sort diplômée en 2015. Myrtille Hetzel remporte un 2e prix de musique de chambre au concours de la Fnapec en 2010. En 2012, elle est invitée à jouer en soliste avec l'orchestre DEMOS à la salle Pleyel, projet collectif à vocation sociale. Sa passion pour la musique contemporaine la conduit à créer de nombreuses œuvres avec des ensembles tels que l’EIC, le Balcon... Elle prend part aux créations théâtrales d’Yves Beaunesne, Benjamin Lazar, Emma la Clown, James Thierrée… Elle est titulaire du CA et membre de l'Ensemble Itinéraire depuis 2014.
Marie Salvat
Marie Salvat est violoniste. Originaire de Perpignan, elle se forme dès l'âge de 5 ans au violon au Conservatoire et au chant à l'École des Enfants du Spectacle. Elle étudie ensuite le violon classique au CNSM de Paris puis au RCM de Londres et développe sa voix près de Julie Hassler en Baroque et Virginie Capizzi en Jazz. Lauréate du Concours Vatelot et Lipizer et 3e prix pour son quatuor à cordes Agora au concours FNAPEC, elle partage désormais son temps en tant que sidewoman au sein d’ensembles variés chambristes, de créations théâtrales (mise en scène de Benjamin Lazar, Antoine Herbez, Margot Dutilleul, Jeanne Candel) et son poste de co-soliste à l'Orchestre Dijon Bourgogne et ses projets personnels portés par la compagnie Ces Gens-là.
Sarah Margaine
Pianiste atypique, Sarah Margaine développe et participe à de nombreux projets artistiques très différents. Formée au CNSM de Paris auprès de Roger Muraro et Isabelle Dubuis, elle construit une partie de sa vie artistique autour de la musique de chambre et des créations collectives. Elle se produit avec sa sœur Clémentine Margaine, mezzo-soprano dans plusieurs festivals en France et à l'étranger. Elle fait aussi partie de la troupe de La Pieuvre avec laquelle elle crée des spectacles vivants mélangeant différents arts (musique-danse-théâtre, clown...), puis collabore avec l'ensemble de musique contemporaine Maja et voyage en duo quatre-mains dans le camion-scène uNopia avec le pianiste Guilhem Fabre... Désireuse de développer sa carrière pianistique soliste, Sarah rentre brillamment en DAI (Diplôme d'artiste interprète) au CNSM en 2017, cycle de perfectionnement dans lequel elle créera le spectacle Matecito réunissant ses multiples passions, la musique traditionnelle et classique argentine, la danse et la percussion. Sarah Margaine est lauréate 2016 de la fondation Banque Populaire et de la fondation l'Or du Rhin en 2017.